《冰水中的鲑鱼》(结局篇) |
DE LA TRUITE DANS L'EAU GLACÉE |
Enfin, nous étions de retour à la jonction avec la ligne principale. Le chef de train descendit, prit dans la cabane l'outil de raccordement. Et c'est alors, levant les yeux pour une dernière fois sur les lieux, que j'aperçus, venant à fond de train du lointain de la plaine, Médéric à demi couché sur sa monture, le grand chapeau rejeté en arrière et lui dansant sur la nuque. L'enfant, vêtu exactement comme au premier jour où je l'avais vu, le cheval blanc à la moire crinière ondulante, le vaste pays vide tout autour, voici que se composait pour s'imprimer en mon esprit, presque identique à celle de l'arrivée à l'école, la dernière image que j'aurais de Médéric. Déjà le chef de train avait raccordé le rail. Il rangea son outil, ferma la porte de la cabane. Il adressa le signal du départ au mécanicien qui se tenait la tête hors de la cabine de la locomotive pour prendre l'air. Il sauta en queue du train. Le petit convoi se remit en marche. Médéric arrivait. Je l'assistai en imagination à coeur éperdu pour qu'il nous gagnât de vitesse. Alors je le vis obliquer pour couper une courbe qu'avait à décrire le convoi. Sur le devant de la selle, il me semblait distinguer quelque objet qu'il protégeait de la main et que je crus, je ne sais pourquoi, m'être destiné. Médéric réussit à nous devancer. Quand le train eut fini de contourner la courbe, je le vis qui nous attendait du haut d'une faible butte. Il y avait derrière lui une immensité de firmament telle que je n'en ai jamais vu autant nulle part ailleurs. Médéric se mit à me chercher avidement des yeux. Dans ce temps-là, en train, quand c'était l'été, on voyageait toutes fenêtres ouvertes. Médéric eut vite repéré mon visage à moitié au dehors. Il éleva haut dans l'air ce qu'il tenait à la man, le fit tournoyer deux ou trois fois pour lui imprimer un élan, puis d'un geste sûr me le lança par la fenêtre droit sur les genoux. C'était un énorme bouquet des champs, léger pourtant tel un papillon, à peine se tenant ensemble dans sa grâce éparpillée, néanmoins il atterrit sur moi sans se défaire, s'ouvrant seulement un peu pour me révéler des corolles fraîches encore de leur rosée. Jamais je n'avais vu réunies autant de petites fleurs de la campagne. Il y en avait sans doute des champs d'alentour, mais d'autres comme il ne devait s'en trouver que cachées au fond de retraites insoupçonnées, telles ces habénaires des bords des ruiseaux tout au long de l'été recouverts d'ombre. J'imaginai Médéric depuis tôt le matin cherchant dans les sous-bois, en terrain sec, en terrain mouillé, et jusqu'aux premières pentes des collines, afin que ne manque à son offrande la moindre fleur de la tendre saison. Nos regards se croisèrent. Sous le chapeau cabossé, le visage me parut attentif, grave et aimant comme au jour - vieux d'un siècle! - où il m'avait demandé à propos des truites de l'eau glacée se laissant prendre et caresser ... "C'est un mystère, mamzelle?" Mes lèvres formèrent silencieusement, à son intention, le seul mot qui me venait à l'âme: Ah! Médéric! Médéric! Il leva la main à bout de bras, haut dans le ciel clair, en un geste qui semblait pour maintenant et pour toujours. Gaspard salua à sa manière de deux grands coups de tête impatients. La prochaine courbe les arracha à jamais à ma vue. Je portai les sur le bouquet reposant sur mes genoux. Une souple lanière d'herbe l'entourait, nouée en ruban qui l'empêchait pour un instant encore de se défaire. Je le mis contre ma joue. Il embaumait délicatement. Il disait le jeune été fragile, à peine est-il né qu'il commence à en mourir. |
再送一篇文章给你看。:)
ReplyDelete在语言那仁慈的怀抱里
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